Everybody's Weird, le weblog

15 juin 2005

Je n'ignore pas que la tendance hexagonale n'est guère à la rationalité ces temps-ci, mais il y a quelque chose que je n'arrive absolument pas à comprendre — vous pourrez peut-être m'aider. C'est quoi cette histoire avec les otages roumains ?
Pourquoi prétendraient-ils avoir été détenus avec Florence Aubenas si ce n'est pas le cas, et surtout pourquoi celle-ci ne peut-elle ni infirmer ni confirmer cette affirmation ? Je ne trouve pas de réponses possibles (et rationnelles).
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11 Commentaire(s) :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-661652,0.html

m'est avis (lointain) que c'est pour protéger des sources...

par exemple: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-661349,0.html

Dans un entretien accordée au journal Le Monde daté du mardi 14 juin, Marie-Jeanne Ion ne s'est pas étonnée de la réaction de la journaliste. "J'attends sa première conférence de presse", explique-t-elle. "Je suppose qu'on lui a dit de ne rien déclarer avant d'avoir le feu vert des services de renseignements."

y'a la version de Serge aussi
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-662101,0.html
Après avoir marqué une hésitation, Florence Aubenas avait démenti dimanche, à son retour en France, avoir été détenue en Irak avec les ex-otages roumains, contrairement à ce que ces derniers avaient affirmé. Le directeur de Libération, Serge July, a expliqué que la journaliste cherchait sans doute à protéger d'autres personnes détenues dans cette "ferme aux otages" du nord de Bagdad.

[2005-06-15T03:08:28]

signé Chief Ad-Chi Officer, le 16/9/05 11:58  

Elle n'a pas vraiment dit "je n'étais pas avec les Roumains", elle a plutôt dit : "Tout ce que je dirai quand on me le demandera, c'est 'j'étais avec Houssein'". Nuance.

A côté de ça, je trouve ça malsain cette histoire de Roumains. Pourquoi la faire chier avec ça ? Une femme qui a passé cinq mois dans une cave les yeux bandés devrait se faire emmerder parce qu'elle refuse, pour des raisons qu'elle trouve visiblement légitimes et qui semblent avoir à faire avec la sécurité de personnes tierces, de confirmer une information accessoire ? Pfff Journalistes de merde ;)

[2005-06-15T09:03:23]

signé Chryde, le 16/9/05 11:58  

Je n'ai rien dit de plus, j'ai dit "elle n'a rien confirmé ni infirmé".
J'essaye juste de comprendre les possibilités ; loin de moi l'idée d'insister lourdement pour connaître la "Vérité". Je ne comprends vraiment pas quelles sont les motivations *possibles* de cette histoire.
S'il y a d'autres personnes en détention à protéger, ça s'éclaire un peu, mais étant donné que M-J Ion a vendu la mêche, je ne saisis toujours pas pourquoi garder ce mystère.

Aucune intention de précher le faux pour connaître le vrai. Je ne comprends pas.

[2005-06-15T09:36:09]

signé manur, le 16/9/05 11:58  

J'ai regardé sa conférence de presse en ligne. C'était assez déroutant par moments. Elle vanne, elle mime, elle raconte comme si elle sortait d'un stage commando un peu poussé. Alors que bon...

Et il reste des contradictions nombreuses entre les déclarations de F.A. et M-J Ion. La règle des 80 mots par jour me semble peu réaliste (du moins durant la totalité de l'emprisonnement).

[2005-06-16T16:14:11]

signé tehu, le 16/9/05 11:58  

Cette histoire a tout de même un gout d'inutile... Personne ne veut admettre que les francais ont versés une rançon comme les roumains, donc "ta gueule" Florence... De toute manière cette histoire est complètement récupérée pour la remontée dans les sondages de Chichi. Un avis plus developpé sur mon billet "Une libération très Pop!" de mon journal à moi.

très bon blog à part ca, dur à suivre mais vivant. (je n'ai bien entendu par encore tout lu)

[2005-06-16T17:17:33]

signé Kevin, le 16/9/05 11:58  

Dans cette histoire, on s'aperçoit que plusieurs sources "autorisées" (media, personnalités du paysage politique, membres de l'exécutif) diffusent au compte-goutte des informations contradictoires permettant d'élaborer les hypothèses les plus fantaisistes. Je parie ma 205 SRD modèle 1987 que même l'intéressée n'a qu'une connaissance très partielle du processus qui a permis de l'extraire efficacement de ce merdier (mis à part, bien entendu, la mobilisation populaire).

Pour tenter de répondre à la question initiale de Manur ("Je ne comprends vraiment pas quelles sont les motivations possibles de cette histoire"), je répondrais : précisément, qu'on ne comprenne pas. Désinformer comme un moyen, non comme une fin. Semer la confusion, créer des connexions et des réactions parasites, générer un brouillard de guerre médiatique pour augmenter les chances de survie du prochain otage, qui viendra tôt ou tard.

L'efficacité d'une stratégie à objectif récurrent implique l'opacité partielle de cette stratégie, surtout lorsque l'on ne connaît pas à l'avance son prochain adversaire. Dans une partie de cache-cache, la tactique du leurre donne l'avantage. Je ne dis pas que c'est légitime, mais tout ceci me paraît somme toute assez rationnel.

[2005-06-19T18:40:01]

signé Monsieur HUT, le 16/9/05 11:58  

Pas convaincu, ni par les uns ni par les autres. Je ne comprends toujours pas quelles sont les possibilités recouvertes par les faits considérés.

[2005-06-19T22:53:27]

signé manur, le 16/9/05 11:58  

Dans le processus de libération d'otage à l'étranger, comme dans toute situation un peu craignos dans lequel l'Etat français intervient directement pour défendre l'intérêt de ses ressortissants, la capture d'informations précises est cruciale. Elle s'effectue préventivement et systématiquement en parallèle de l'action diplomatique, principalement pour préparer ou supporter un éventuel coup de force en cas d'échec de la méthode douce.

Cette action de renseignement est effectuée par des personnels d'infiltration spécialisés, français ou pas, sur le mode hautement solidaire du "si tu te fais choper, c'est ta merde, nous on te connaît pas". Barbouzes, mercos, solos, appelons-les comme on veut. Par exemple, pas mal d'anciens légionnaires recyclés, mais pas seulement.

Afin de protéger ces braves gens hautement précieux et compétents, et qui permettent de faire quelques entorses discrètes à nos principes démocratiques (comme la violation de l'espace territorial, pré-requis de toute infiltration physique), il semble naturel de faire comprendre aux otages fraîchement libérés que ça serait plutôt sympa de leur part d'être aussi discret que possible et de ne pas s'écarter du discours-type, surtout vu leur condition psychologique, et ce quoiqu'il puisse advenir. D'autres gens se chargeront de communiquer ce qu'il faut, vrai ou pas, au moment opportun.

Donc, Florence Aubenas s'en tient à ça. Quand je l'écoute, j'ai vraiment l'impression que son côté boute-en-train un peu décalé masque un silence qui respire à plein nez l'humilité et la gratitude. Et un peu la surprise, aussi.

[2005-06-20T09:10:34]

signé Monsieur HUT, le 16/9/05 11:58  

Ok avec tout cela. Mais, au niveau de ces Services, pourquoi ??
Schématiquement :
a. Les roumains disent la vérité. Pourquoi la France ne peut-elle pas le valider ? Qu'est-ce qu'on a à gagner ?
b. Les roumains mentent. Pourquoi mentent-ils ? Pourquoi la France ne le dit pas ?
Personne ne connaît le fin mot de l'affaire. Ce n'est pas ce que j'attends. Mais quelles sont les cas *pratiques* envisageables ?
J'insiste sur le mot "pratiques". Pas des généralités sur la nécessité du secret d'Etat. Dans ce cas précis, qu'est-ce qu'on gagne dans chacune des configurations possibles des faits réels (a., b., et leurs sous-déclinaisons) ?

[2005-06-20T10:30:34]

signé manur, le 16/9/05 11:58  

Ah !OK, mes excuses pour t'avoir forcé à préciser ton interrogation de la sorte. C'était nécessaire pour moi, toutefois.

En prenant un peu de hauteur je dirai, sans autorité toutefois, :

Cas a ) : c'est tactiquement le meilleur coup que la France et la Roumanie puissent faire en toute complicité, avec toutefois un regrettable manque de synchronisation initiale. En effet, cette affaire n'est pas tous à fait soldée, car il est de l'intérêt de ces deux pays que les preneurs d'otage soient à présent neutralisés, et si possible par les forces locales pour des questions d'économie de moyen et de maintien des relations diplomatiques. Or, on sait que généralement, les preneurs d'otages forment eux-même un groupuscule isolé au sein de leur environnement social, même si ce dernier est très instable. Les peuples arabes ne sont pas plus barbares que nous et n'apprécient guère l'image véhiculée par ces méthodes. Il en résulte qu'un groupuscule terroriste, selon les dires d'un barbouze ayant récemment témoigné sur une chaîne du cable, cherchera toujours à entrer un contact avec ses pairs et communiquera glorieusement sur ses propres trophées. En niant avoir été otages ensemble, les français et les roumains décrédibilisent et déstabilisent un groupe de personnes mentalement échaudées, et donc propices à commettre l'imprudence qui les fera prochainement sortir de l'ombre, charge aux gardes du coin de les cueillir.

Cas b ) : je n'ai pas d'explication pour le cas b) mais très honnêtement, je pense avoir produit un bel effort d'extrapolation scénaristique digne d'un véritable adulte chiant pour le cas a).

[2005-06-20T11:21:38]

signé Monsieur HUT, le 16/9/05 11:58  

s/décrédibilisent/discréditent/

[2005-06-20T11:47:59]

signé Monsieur HUT, le 16/9/05 11:58  

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