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02 novembre 2004

J'étais tranquillement entrain de lire les Mythologies il y a quelques instants, lorsque Roland Barthes a requis la parole dans le débat advenu quelques lignes ci-dessous. Laissons-la lui :
Voici le schéma de cette nouvelle démonstration : prendre la valeur d'ordre que l'on veut restaurer ou développer, manifester d'abord longuement ses petitesses, les injustices qu'elle produit, les brimades qu'elle suscite, la plonger dans son imperfection de nature ; puis au dernier moment la sauver malgré ou plutôt avec la lourde fatalité de ses tares. (...)
Et puis le bon sens fait ses comptes : que sont les menues scories de l'ordre au prix de ses avantages ? (...) Qu'importe, après tout, que l'ordre soit un peu brutal ou un peu aveugle, s'il nous permet de vivre à bon marché ? Nous voilà, nous aussi, débarassés d'un préjugé qui nous coûtait cher, trop cher, qui nous coûtait trop de scrupules, trop de révoltes, trop de combats et trop de solitude.
[ posté à 23:31 | perma-link ]  

2 Commentaire(s) :

Salut Manur,

Jolie citation quoique complexe en ces temps d'élection américaine, et dont j'admire surtout la dernière phrase "qui nous coûtait cher, trop cher, qui nous coûtait trop de scrupules, trop de révoltes et trop de solitude" en ce qu'elle montre que le combat nécéssite une lutte avec la réalité et a un coût.
Le bon sens est écrasant, il sert justement à être déplacé, à être remis en cause. Je le tiens pour synonime de " principe de réalité" alors qu'il existe un autre principe qui est la vie, qui est chaotique, qui est par essence en perpetuel déplacement et qui est émotionnel.

[2004-11-03T02:22:05]

signé pradoc, le 16/9/05 11:33  

"Combattre a un coût" : c'est ce qu'on dit souvent effectivement, et que Pradoc a semble-t-il bien résumé.

Pourtant cette notion du coût de la confrontation est une caractéristique qui n'en est pas vraiment une, puisque la lutte la partage avec son contraire : l'inaction, ou le conformisme, comme on veut. Des deux côtés de la barrière, un coût évident subsiste : sacrifices, souffrance et solitude pour les uns. Ignorance, infantilisation, et soumission pour les autres. Parallèlement, il y a ceci : lutter ou ne pas lutter, agir ou ne pas agir, n'entraînent-ils pas au final à l'échelle individuelle des coûts de même nature puisque soldés inexorablement par notre disparition ?

Si tel est le cas, c'est peut-être justement parce-que nous sommes perpétuellement en lutte. Je ne parle pas seulement de notre système immunitaire ni de la pulsion qui nous pousse régulièrement vers le frigo pour renouveller la matière dont nous sommes constitués, mais aussi et surtout de notre propension à nous conformer pour conforter la représentation consensuelle que nous nous faisons de nous-même, si possible immuable et immortelle.

"Combattre a un coût". Peut-être bien, oui, pour les rêveurs qui s'imaginent encore présents devant leur poste de télé lorsque l'humanité posera le pied sur Pluton en 3048. Pour les autres, le concept de coût de la lutte fait sourire : lorsqu'on est éphémère, il est tout simplement vide de sens et de substance.

[2004-11-04T01:23:35]

signé Monsieur HUT, le 16/9/05 11:33  

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